Commencons donc notre parcours de la capitale par le « Ventre de Paris » si cher a Zola. Les Halles de Paris, cet espace de 10 hectare qui sera transféré à Rungis en 1969 et qui pendant plus de 800 ans a contribué à l’approvisionnement alimentaire de la capitale. Car les origines des halles de Paris remontent au XIIème siècle, en 1137 date à laquelle le roi Louis VI Le Gros décide de créer un marché sur le lieu-dit des Champeaux pour remplacer le marché central de la place de Grève. (aujourd’hui place de l’Hôtel de ville).
Des Halles de Paris en charpente métallique fin 19ème siècle de Victor Baltard il ne reste rien. De ces Halles voulu par Napoléon Ier en 1808, qui souhaitait en faire le « Louvre du peuple » et inauguré en 1853 par Napoléon III seul deux des bâtiments ont survécu. Le premier le Pavillon n°8 est conservé comme témoin d’une époque aux portes de la capitale. Il vous faudra vous rendre à Nogent sur Marne pour l’admirer. Cet ancien pavillon des halles de Paris reconverti en salle de spectacle a été rebaptisé Pavillon Baltard en hommage au créateur qui y a voué sa carrière. Pour le second il vous faudra prendre l’avion et vous rendre au Japon à Yokohama.
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Il leva une dernière fois les yeux, il regarda les Halles. Elles flambaient dans le soleil. Un grand rayon entrait par le bout de la rue couverte, au fond, trouant la masse des pavillons d’un portique de lumière ; et, battant la nappe des toitures, une pluie ardente tombait. L’énorme charpente de fonte se noyait, bleuissait, n’était plus qu’un profil sombre sur les flammes d’incendie du levant. En haut, une vitre s’allumait, une goutte de clarté roulait jusqu’aux gouttières, le long de la pente des larges plaques de zinc. Ce fut alors une cité tumultueuse dans une poussière d’or volante. Le réveil avait grandi, du ronflement des maraîchers, couchés sous leurs limousines, au roulement plus vif des arrivages. Maintenant, la ville entière repliait ses grilles ; les carreaux bourdonnaient, les pavillons grondaient ; toutes les voix donnaient, et l’on eût dit l’épanouissement magistral de cette phrase que Florent, depuis quatre heures du matin, entendait se traîner et se grossir dans l’ombre. A droite, à gauche, de tous côtés, des glapissements de criée mettaient des notes aiguës de petite flûte, au milieu des basses sourdes de la foule. C’était la marée, c’étaient les beurres, c’était la volaille, c’était la viande. Des volées de cloche passaient, secouant derrière elles le murmure des marchés qui s’ouvraient. Autour de lui, le soleil enflammait les légumes. Il ne reconnaissait plus l’aquarelle tendre des pâleurs de l’aube. Les cœurs élargis des salades brûlaient, la gamme du vert éclatait en vigueurs superbes, les carottes saignaient, les navets devenaient incandescents, dans ce brasier triomphal. A sa gauche, des tombereaux de choux s’éboulaient encore. Il tourna les yeux, il vit, au loin, des camions qui débouchaient toujours de la rue Turbigo. La mer continuait à monter. Il l’avait sentie à ses chevilles, puis à son ventre ; elle menaçait, à cette heure, de passer par-dessus sa tête. Aveuglé, noyé, les oreilles sonnantes, l’estomac écrasé par tout ce qu’il avait vu, devinant de nouvelles et incessantes profondeurs de nourriture, il demanda grâce, et une douleur folle le prit, de mourir ainsi de faim, dans Paris gorgé, dans ce réveil fulgurant des Halles. De grosses larmes chaudes jaillirent de ses yeux.
Extrait du chapitre 1 – Le Ventre de Paris – Emile Zola
Porteur ou « portefaix ». Recrutés parmi les chômeurs et les étudiants les Porteurs avaient un statut moins privilégié que les Forts des halles dont nous parlerons plus tard. Ces porteurs donnaient régulièrement ou occasionnellement, un coup de main aux activités de déchargement des marchandises. Dans les années 1890, on comptera aux Halles de Paris jusqu’à 12 000 Porteurs.
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