Les bouquinistes, un métier bien Parisien. L’ordonnance du 31 octobre 1822 reconnait et règlement la profession de bouquiniste. Du Pont Marie au Louvre sur la rive droite, de Notre Dame à l’institut sur la rive gauche, les boîtes des bouquinistes appartiennent aux quais de Paris. Les bouquinistes sont les héritiers des colporteurs du XVIème siècle. En 1723 Savary dans son dictionnaire du commerce définit ainsi les bouquinistes qu’il nomme « estalleurs »: » Pauvres libraires qui, n’ayant pas le moyen de tenir boutique ni de vendre du neuf, estaloient de vieux livres sur le Pont Neuf, le long des quais et en quelques autres endroits de la villes. » Paris est la seule ville à posséder des boîtes à livres installés sur ses quais, mais ce n’est qu’en 1891 que ceux-ci obtinrent le droit de laisser leur boîtes accrochées au parapet; Avant, ils les emportaient chaque soir dans des voitures à bras. Recensés pour la première fois en 1857, ils étaient alors au nombre de soixante huit. En 1892, Octave Uzanne ( Bouquinistes et bouquineurs. Physiologie des quais de Paris du Pont royal au pont Sully – 1893) recense cent cinquante-six bouquinistes possédant mille six cent trente-six boîtes. Les bouqinistes sont constitués en chambre syndicale depuis 1904. Il sont aujourd’hui près de 250 et répertoriés au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1991.
Lors de la seconde guerre mondiale les autorités d’occupation ont voulu que des espaces séparent les boîtes des bouquinistes, pour surveiller les quais et la Seine. La longueur des étals fut donc ramenée à 8 mètres ( auparavant à 10m.). Une fois la guerre finie, la mesure fut maintenue.
Voici le texte de la Pelle Starck ( panneaux d’information installés dans les rues de Paris devant certains monuments parisiens.) sur les bouquinistes de Paris:
Le terme de « boucquain », sans doute dérivé du
flamand « boeckjîn » ou petit livre, fait son apparition
en 1459, attesté sous la forme « bouquin » vers la fin
du XVIe siécle. Sans son « Dictionnaire » de 1690,
Furetière en donne la définition de « vieux livre
fripé et peu connu » ; le vocable de bouquiniste
désigne, quant à lui, depuis 1752, les marchands
installés sur les quais. En effet, leurs boîtes
investissent peu à peu les parapets, d’abord
sur la rive gauche ; environ 300 sous la
Révolution, ils connaissent une première
réglementation grâce à l’ordonnance du 31
octobre 1822. Un premier recensement
officiel en 1857 en dénombre 68 et le
décret du 10 octobre 1859 consacre
leur maintien, un temps menacé par les
grands travaux d’Haussmann. Depuis
1891, des « marchands d’esprit » ont
l’autorisation de laisser sur place
leurs caissons scellés pour la
nuit. Selon Pierre Mac orlan,
ils représentent « le symbole
de l’invitation aux voyages
immobiles ».
Il n’y a qu’a traverser la chaussée et à gagner par quelques marches la longue file des boîtes des bouquinistes alignées là sur le faîte du mur; et, au milieu du bruit et de l’agitation, le mot est paix, recueillement. De beaux grands troncs d’arbres, s’élevant de la berge même qui est à quatre ou cinq mètres en contre-bas divisent devant vous l’espace; les bouquinistes sont assis sur leurs pliants, ou adossés au mur, ou bien ils vont et viennent devant leu étalage; des vieux, des vieilles, avec des pèlerines, des bonnets, des chaufferettes, et puis des moins vieux et puis des jeunes qui campent tout le jour dans ces lieux réservés ou ils vendent, pas cher, le résidu de la sagesse humaine. L’habitude les a rendus indifférents à ce double flot qui passe devant et derrière eux; l’un qui est celui des hommes, l’autre qui est celui du fleuve; ils sont immobiles entre les deux courants, quelquefois somnolents, presque toujours muets,, tous pareils à leurs livres qu’il faut ouvrir et feuilleter pour qu’ils se mettent à dire quelque chose. C. F. RAMUZ
En savoir plus sur les bouquinistes: « Histoire des bouquinistes« , Le Parapet, n° 53 de juin 2007
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Chez quels bouquinistes trouver des copies papier des ouvrages de Hubert Pernot, hellénistes, « d’homère à nos jours, Paris 1921 », « dialecte tsakonien, 1934 »?
Jacques Ragot, 52310 Oudincourt.