Bibi-la-Purée. personnage pittoresque de Montmartre et de Pigalle, ami de Verlaine. Probablement né en 1847 et décédé en 1903 voici donc le portrait d’André-Joseph Salis de Saglia paru dans la Revue universelle en 1903: « Bibi la Purée est mort, et, comme tant d’autres célébrités, il est mort à l’hôpital. Célèbre, André Salis (c’était son nom) ne l’était guère que sur la route qui mêne de Montmartre au quartier latin, mais il jouissait là d’une incontestable popularité que lui avaient value ses allures d’excessive bohême, son masque grimaçant et les accoutrements dont il couvrait avec une fantaisie outrancière son pauvre corps étique. Généralement coiffé d’un chapeau haute forme d’ou s’échappaient en confuses mêches quelques cheveux épargnés par la calvitie, le cou emprissoné dans un col de hauteur inusitée et d’empesage négligé, perdu dans d’invraisemblables redingotes, on le voyait trainer devant les cafés et les bars ses souliers éculés que recouvraient, suivant une mode à laquellle Bibi est resté fidèle, de sordides guêtres blanches; ainsi accoutré il vendait des cartes postales, cirait les bottes et portait les billets doux. On a cru reconnaître en lui un sculpteur de talent déchu peu à peu, mais ce n’était qu’une légende; n’était-il pas plutôt quelque viel étudiant en droit attardé au quartier? »
Texte tiré de la Revue universelle : recueil documentaire universel et illustré publié sous la direction de M. Georges Moreau (Paris. 1903)
Carte postale comptemporaine de Bibi la Purée écrite en 1901:
Les Bienfaits de la lettre à deux sous – RÊVE DE PURÉE ( par BIBI LA PURÉE et paru dans Le Collectionneur. Bulletin mensuel de publicité, philatélie, cartophilie… le 10 aout 1905)
Depuis Monsieur Grévy, l’on nous corne aux oreilles
Des journaux, chaque matin
Qu’on nous mijote un beau destin
Tout de velours, d’or, de satin :
Des impôts pour la frime et des lois sans pareilles
Du pain garni de beurre, au-dessus, au-dessous,
Rien que des folles nuits, après des jours bien calmes,
Des rubans et des croix, des poireaux et des palmes,
Et surtout la lettre à deux sous !!!
La lettre à deux sous, vrai ! c’est la plus riche idée !
Quand on a le coeur triste et la bourse vidée,
Sa montre au clou, plus un rotin
Inconsolable purotin
On prend un nom dans le Bottin
Et pour deux sous (deux ronds) on adresse une épître,
Dans quelque quartier Mouffetard,
A quelque solennel fêtard
(Gras nez rubicond sur une face de pitre
Pour lui mander, très poliment, qu’entre gens saouls
On peut bien se prêter cent sous.
Le coup n’est pas mauvais : c’est rare que ça rate
Si votre vieux noceur n’est pas un mal appris
Dès que le stratagème a pris
On dilate son coeur, ses poumons et sa rate,
On met les soucis de côté,
On s’offre une pâle beauté,
Du gigot, du lapin sauté,
Des petits pois et des fruits de Tananarive !
Votre restaurateur est sans dessus, dessous
Seulement c’est un rêve et tout cela n’arrive
Qu’avec une lettre à deux sous.
Voici une autre carte postale qui n’a aucun rapport avec le personnage si ce n’est le nom, mais qui colle assez bien avec la philosophie du personnage de Bibi:
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